La Sécurité Sociale Alimentaire

A partir du constat des crises du système alimentaire et de l’héritage de la Sécurité Sociale, une proposition de Sécurité Sociale Alimentaire émerge depuis plusieurs années en France, porté au niveau national par un collectif national réunissant organisations de paysan-nes, d’ingénieur-es et des citoyen-nes. Des Caisses communes s’en réclamant se construisent un peu partout en France et notamment en Occitanie. Toulouse et Montpellier sont à ce jour les plus abouties et fonctionnelles : 250 et 800 foyers y participent.

Organiser le système alimentaire à partir des 3 grands principes de la Sécurité Sociale permettrait de garantir des revenus aux agriculteur-ices locaux, de s’assurer que tout le monde sans distinction de revenu puisse y avoir accès et soutenir un modèle d’agriculture en harmonie avec le milieu de vie dans lequel elle se déploie.

La pandémie du COVID et la Guerre en Ukraine ont provoqué une prise de conscience généralisée de notre fragilité face aux perturbations extérieures : étant pour la plupart libéré-es des contraintes matérielles du quotidien pendant les 2 mois de confinement, nous nous sommes mis collectivement à rêver du « monde d’après ». Celui-ci, écologique et solidaire, n’a malgré les promesses, jamais vu le jour. Les inégalités se sont au contraire accentuées et la crise écologique s’aggrave de jour en jour.

Face aux crises, il est désormais urgent de faire de l’alimentation un droit fondamental et la sortir des logiques régissant le marché mondial : concurrence mondialisée, produits qui font plusieurs fois le tour de la planète avant d’arriver dans notre assiette, destruction de la paysannerie au profit d’exploitations immenses qui ne sont pas destinées à nourrir leurs territoires mais à produire en masse de sorte à être compétitives à l’échelle européenne voire mondiale.

La Sécurité Sociale Alimentaire propose donc de s’appuyer sur les 3 grands principes de la Sécu et de les appliquer à l’alimentation :

  • Universalité : Une carte vitale alimentaire pour tous, sans condition de revenu. Tous les citoyen-nes recevraient 150€ sur une carte vitale, qui ne pourraient être dépensés qu’au sein d’un réseau de commerces et de producteur-ices conventionnés.

  • Cotisation : Ces 150€ seraient financées par des cotisations sociales, patronales ainsi que par la taxation des revenus du capital (l’argent gagné par les actionnaires et les multipropriétaires qui s’enrichissent sans travailler et qui ont hérité de l’immense majorité de leur fortune). Ces cotisations seraient, comme pour la Sécu, équitables, c’est-à-dire proportionnelles aux moyens de chacun. En 2012, la Sécurité Sociale était financée par les 10% les plus riches à hauteur de 15% de leurs revenus et par les 10% les plus pauvres à hauteur de 4% de leurs revenus. Il est légitime de trouver ce mode de financement injustement confiscatoire mais il faut l’évaluer au regard des résultats qu’il permet : des droits universels, les mêmes pour tous, afin de subvenir à nos besoins primaires. En somme, la solidarité pour garantir la paix civile (une société où l’on meurt de faim et où la misère explose est une société qui devient nécessairement de plus en plus violente) et faire advenir une société où nous prenons collectivement soin les uns des autres.

  • Conventionnement démocratique : les critères selon lesquels l’argent mis en commun dans les Caisses pourrait être dépensé seraient définis collectivement, par les cotisant-es eux-mêmes. Ici, tout l’enjeu est d’être suffisamment nombreux-ses à cotiser afin de garantir des revenus aux agriculteur-ices répondant aux critères établis. En étant nombreux-ses à mettre de l’argent en commun et en décidant que celui-ci ne peut être dépensé que pour des productions locales, produites dans des conditions respectueuses du milieu de vie, se crée mécaniquement une incitation forte à produire pour répondre à ces critères puisque des revenus seraient garantis.

Des agriculteur-ices du territoire participent d’ores et déjà aux travaux sur le conventionnement et le rapport du Shift Project sur l’avenir de l’agriculture en France montre que 90% d’agriculteur-ices sont prêts à réaliser le transition agroécologique, à condition que leurs débouchés et donc leurs revenus soient garantis. C’est la proposition de la Sécurité Sociale Alimentaire, portée sur le territoire par la CCAMPA.

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